Éric Legrand est un guitariste hors norme, aussi à l’aise dans le rock et le blues, musiques de ses premières amours que dans le swing du jazz manouche. S’il maîtrise son instrument c’est le résultat d’un travail acharné !
Jamais à cours de projets, découvrez cet artiste dans ce n° 12 de décembre 2021.
Te souviens-tu de ta première guitare ?
Oui la première guitare sur laquelle j’ai joué c’était celle de mon père, une classique mais avec des cordes en acier et avec un cordier et un chevalet comme sur les guitares « Selmer » de Django Reinhardt. Ensuite je me suis acheté une guitare classique d’occasion.
Quel était ton premier vinyle ?
Mon premier vinyle, c’était « Les Marquises » de Jacques Brel. Je ne connaissais pas bien le chanteur mais j’en avais entendu parlé et la pochette m’avais plu. C’est en faisant les courses avec ma mère dans un supermarché qu’elle me l’a achetée.
Quels musiciens aimais-tu, quels groupes écoutais-tu ?
Mon groupe préféré, c’était Téléphone, mais j’aimais aussi Renaud et ensuite Jacques Higelin. Il se trouve que mon père avait fait son Service Militaire avec lui, alors il m’en parlait souvent et donc je l’ai beaucoup écouté. J’aimais ce qu’il faisait. Je me souviens de mes premiers « décollages » sur des morceaux d’Higelin.
Mais la grosse révélation pour moi au niveau « guitaristique », ce fut Jimi Hendrix. Je l’ai découvert vers l’âge de 16 ans et ça a été le choc !! Je commençais à jouer de la guitare électrique et le son que Jimi sortait avec la sienne était incroyable. C’était d’une autre dimension de tout ce que j’avais écouté jusque là. J’étais à l’affût de tout ce qui le concernait, ses albums, son histoire. Il avait en plus des autres ce coté hyper créatif, sa musique, son look, sa façon de bouger sur scène…
Ensuite, vers l’âge de 21 ans, j’ai découvert Stevie Ray Vaughan avec le live « At the El Mocambo ». J’ai tout de suite aimé sa connexion à Jimi Hendrix, le son était incroyable avec un sens de l’improvisation extraordinaire.,
Sont venus ensuite les groupes de fusion Red Hot Chili Peppers, Living Colours… c’est le coté créatif, nourri d’influences aussi diverses que le rock, le blues, la funk, le métal qui m’a plu et l’influence de Jimi est très présente.
Comment as-tu appris la guitare ? As-tu suivi une formation, un enseignement ?
Les premiers accords c’est mon père qui me les a montré à l’age de 10 ans environ, ensuite j’ai repiqué des morceaux de Renaud avec un copain, puis, petit à petit, j’ai reproduis tout ce que j’entendais à la radio et qui me plaisait.
Avec la découverte d’Hendrix a commencé un vrai travail de déchiffrage sur les vinyles du guitariste. Le premier morceau que j’ai appris a été « Hey Joe », mais ensuite j’ai travaillé tous les grands classiques « Little Wing », « Fire », « Purple Haze », « Hey Baby » …
J’aimais particulièrement le live « Band of Gypsy ». J’ai même à l’époque monté un groupe de « tribute » à l’artiste dans lequel je jouais avec ma première guitare Stratocaster, un modèle japonais.
Puis j’ai commencé le jazz avec mon ami de toujours William Morin avec qui je décortique les standards.
C’est à 25 ans que j’ai entamé une formation pro au Centre des Musiques Actuelles de Valenciennes. J’y ai découvert les bases de l’harmonie et de l’improvisation.
Avec des potes tu crées le groupe « Mykérinos ». C’est ton premier groupe ?
Non mais c’est le premier vraiment « sérieux » avec lequel on va faire beaucoup de compositions et concerts.
Qui étaient les musiciens ? Que jouaient-ils ?
A la base, il y avait Pierre Naviez à la batterie et Vincent Crapet à la basse. On a été rejoint par Cyril, un chanteur d’Aulnoye-Aymeries, qui a ensuite été remplacé par Thomas Gallus.
Quel était le répertoire ? Où jouiez-vous ?
C’était un répertoire de compositions influencées rock fusion. On jouait surtout dans les bars et les petits festivals de la région, dans l’Avesnois et le Cambrésis.
Comment est né Calamity Jam ? Qui étaient les musiciens ?
Calamity Jam était un groupe avec un répertoire de reprises uniquement. Il y avait Christophe Moiret au chant, Yannick Hennebert à la basse, toujours Pierre Naviez à la batterie. On avait envie de jouer des morceaux qu’on aimait bien.
Ensuite tu rejoins plusieurs formations ?
Au Centre des Musiques Actuelles, j’ai noué des contacts et rejoins « Youkounkoun » un groupe de Lille avec Freddy Holleville comme batteur.
Quand j’ai fait mon Service Civique comme objecteur de conscience à la Maison des Jeunes et de la Culture de Saint-André-Lez-Lille, j’ai rencontré Freddy qui m’a appelé en renfort lorsque son groupe a enregistré son album. Le courant est bien passé et j’ai intégré le groupe.
Freddy m’a ensuite proposé de jouer avec son groupe « Mémo ».
Puis est venu le groupe Biddi Buzz, qui comprenait les mêmes musiciens que Calamity Jam avec Cyril Jonnot en plus à la guitare.
Pour le répertoire, on s’est remis à composer des morceaux dans le style rock fusion énervé.
A un moment, tu t’es mis au style Jazz Manouche et tu as créé Manaswing ?
Après une période assez calme musicalement, je décide de me consacrer au style jazz manouche. Ce qui m’intéressait, c’était le coté libre de jouer juste avec une guitare acoustique, pas d’ampli, pas d’effets, pas besoin de gros matos, et il y a une grosse part consacrée à l’improvisation.
Pendant un an je ne travaille que ça, sur les disques de Django Reinhardt, différentes méthodes, master-class … Le gros challenge c’est d’arriver à décoller le poignet droit de la caisse de guitare. C’est une technique totalement différente de la guitare électrique.
C’était en 2005. A l’époque, je travaille au magasin Angel-Musique, et c’est là que je rencontre Jérémie Caulliez qui était en stage.
C’est avec lui que je monte Manaswing en duo au départ, puis Yann Gérardin nous a rejoins à la contrebasse.
En 2008, nous enregistrons un premier album « Vent du Nord » avec 10 titres.
L’accordéoniste Sonia Rékis nous rejoint pour enregistrer un des titres et intègre ensuite le groupe.
En 2012, lors de l’enregistrement du deuxième album « Le Sentier du Trèfle », Erich Pralat remplace Yann à la contrebasse… et nous partons pour une aventure en trio, guitare, contrebasse et accordéon.
« La Balade de Tom » est un album un peu particulier ?
C’est le dernier album de Manaswing. J’ai écrit cet album avec en tête une histoire, qui traite des sujets qui me tiennent à cœur comme la nature, la pollution, la surconsommation, la spiritualité.
En ce qui concerne l’enregistrement, nous sommes revenus au trio classique : deux guitares et une contrebasse. Jérome Lermusieaux et moi à la guitare, Hubert Fardel à la contrebasse.
Des rencontres, tu en as fait beaucoup ? Des collaborations aussi (Michel Calleja, Dominique Rouquier, Sabrina Yactine etc…) ?
En 2005, j’ai pu rencontrer des musiciens tel que Bireli Lagrenne dont nous avons fait la première partie à la Maison de la Culture et des Loisirs de Gauchy dans l’Aisne.
Puis d’autres guitaristes du style tel que Yorgui Loefler, Benoit Convert, Fappy Lafertin, Le groupe Les Doigts de l’Homme, Stochelo Rosenberg, Tchavolo Shmitt.
Avec Michel Calleja nous avons fait quelques concerts en duo, c’est un guitariste du Valenciennois amoureux du style jazz manouche. Il m’a présenté son fils Ben, très bon guitariste également, avec qui nous avons aussi fait quelques gigs.
Sabrina Yactine m’a proposé de monter un duo autour des standards de jazz. Nous avons tourné quelques temps ensemble.
Dominique Rouquier fait partie du quintette jazz « Les Pommes de ma douche ». Je l’ai croisé lors d’un festival en Picardie, nous avons sympathisé lors de la soirée après le concert.
Parle-nous de Band of Luna Gypsy !
Luna Gypsy est un projet que j’ai monté toujours sur une musique influencé Gypsy mais avec du chant en la personne de Didier Recollet. Didier est le chanteur de Double Face et était le chanteur de Mamaketchup.
Nous étions quatre avec Freddy Holleville à la batterie et Jean Pierre Fourment à la contrebasse.
Et de Double Face !
Double Face est un duo avec Didier Recollet au chant et à la guitare, avec un répertoire de reprises de chansons françaises.
Malgré le contexte actuel difficile, tu as un nouveau projet en tête ?
Je monte en ce moment un nouveau projet autour des musiques qui ont marqué mon apprentissage de la musique, Jimi Hendrix, Stevie Ray Vaughan, Janis Joplin, Otis Redding, le blues, rythm and blues, soul music …
C’est un projet qui me tient à coeur car j’avais mis un peu de coté toutes ces influences depuis quelques années et elle me reviennent aujourd’hui avec la maturité.
Le groupe s’appellera Blackbird and the Red Fish. Je serai entouré de musiciens très talentueux, Freddy Holleville, batteur et compère de la première heure, Guillaume Mongens à la basse et Louise Jarry au chant.
C’est un vrai régal de rejouer ce répertoire avec cette équipe.
Pegase-21 te souhaite de réaliser ce projet et beaucoup de succès pour l’avenir
C est avec grand plaisir que je redécouvre le parcours musical de ce vieux pote Eric !!! Toujours pas eu l occasion de voir manaswing en concert dont j aimerai connaître les dates par chez moi ! Mais je suis fière de dire qu il était à la guitare ainsi que William, et Béa à la flûte traversière , dans l eglise lors de mon 1 er mariage !( près de 30 ans déjà !!) Belle progression l Artiste !
Très beau parcours ! Eric a aussi fait partie d’un petit groupe (avec Pierre Naviez entre autres) sur Landrecies. Groupe qui a eu la gentillesse de venir jouer un soir de printemps, pour mon mariage, dans une grange perdue à St Rémy du Nord. Grand souvenir. Merci encore Eric pour toutes ces belles émotions.
Eric tu portes vraiment bien ton nom car tu es un « grand » musicien extrêmement efficace et ce dans différents styles, bravo l’artiste …